Le mot de notre créatrice : la naissance d’ABC Hautepierre

C’est au cours de l’exercice de mes fonctions de médecin scolaire à Hautepierre (quartier périphérique de Strasbourg) que s’impose à moi la nécessité d’une aide personnalisée à l’enfant en difficulté.
En effet, dans chaque classe l’enseignant me disait à propos d’enfants en échec : « c’est dommage, il pourrait, il serait capable, si seulement quelqu’un s’intéressait à lui à la maison ! ».
Parents débordés par leurs occupations, parents écrasés par de gros soucis familiaux, parents peu accessibles, et aussi parents étrangers fuyant la guerre ou la misère ne possédant pas la maîtrise de la langue.

Cette inégalité des chances chez l’enfant était insupportable : il fallait essayer de faire quelque chose. J’entendis parler d’une aide bénévole au domicile de l’écolier, dans la famille, aide organisée par sœur Geneviève SCHNEIDER à la cité nucléaire de Cronenbourg et lui demandai de venir en parler à Hautepierre. Ce qui fut fait le lundi 8 octobre 1979 à l’école Catherine : étaient invités les enseignants et le conseiller pédagogique, les services sociaux, les services de santé scolaire, les représentants des différentes confessions religieuses, des différentes associations de quartier.

Nous décidâmes de suivre ce modèle du déplacement du bénévole dans la famille de l’écolier une fois par semaine. Nous avons commencé doucement. Notre association fut officiellement créée le jeudi 21 février 1980 dans les locaux de l’UFCS maille Catherine. Nous étions 8 membres fondateurs, Caroline DIETZ, Fabienne ETIENNEY, Hubert HIEGEL, Freddy HUSSER, Joseph ITTY, Marie-Louise KRUMENACKER, Colette LALLEMAND, Janine MANTZ. Le nom ABC Hautepierre fut proposé par F. HUSSER. Les enfants en difficulté étaient signalés à l’association par les enseignants ou le service social, les mieux informés des besoins de l’enfant et des familles. Je me souviens toujours des commentaires des enseignants à propos des enfants suivis : « Il recommence à lever le doigt ! » « Il répond en classe maintenant ! ».

L’enfant qui s’était laissé couler reprenait confiance. L’intérêt renaissait. Quelqu’un venait spécialement pour lui chaque semaine. Il n’était plus seul.

Janine MANTZ